c’est toujours comme ça à chaque fois
le jour et la nuit viennent se confiner ensemble
dans ma mémoire en ébullition
lorsque ma claustration se transforme
en une saison engloutissante
un autre grand voyage
dans un voyage ordinaire
où les mots se battent
se heurtent violemment
dans les nuages des idées
certains tombent se relèvent désarmés angoissés
m’apportent les modalités du sacrifice des vies
des cris des murmures étranges des détenus
enfermés emprisonnés dans l’angoisse
la peur des décomptes des dépouilles
je me souviens de ces heures
heures de solitude accablantes
silence absolu tranquillité des rues
devenus terrifiants
je me sentais franchir les lisières du réel
des moments de sérénité de souveraineté
lorsque le confinement m’apportait mon enfance
tous les autres temps du passé
qui a commencé loin avant moi
dans la mémoire des autres
chants des coqs coassements de grenouilles
concerts rythmés criquets cigales
des paroles prisonnières des images des illusions
mêlés au temps espoirs
désespoirs des autres
je remonte le passé comme on escalade un escalier
pour retrouver cette terre ferme
qui tarde d’avoir un beau printemps
ce grand voyage m’emmène sur les pistes
des souvenirs les plus émouvants de ma vie